Le président français veut relégitimer la présence militaire française dans la région. Un sommet se tiendra, lundi 16 décembre à Pau, avec les chefs d’État des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).
Emmanuel Macron a profité du sommet de l’Otan pour annoncer la tenue d’un sommet à Pau, lundi 16 décembre, avec les cinq pays du G5 Sahel. « J’attends des pays du G5 Sahel qu’ils clarifient et formalisent leur demande. Souhaitent-ils notre présence ? Je veux des réponses claires et assumées », a affirmé le président sur le ton de la sommation. « Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l’ambiguïté perdure à l’égard des mouvements antifrançais ».
« Qu’ils nous demandent d’être là et qu’ils l’assument »
Une semaine après la mort de 13 soldats de la force française Barkhane au Mali dans une collision d’hélicoptères, Emmanuel Macron veut redonner de la légitimité à la présence militaire française en exhortant ses partenaires africains à faire le « travail politique » nécessaire. « Il y a eu plusieurs mouvements organisés par des groupes d’influence antifrançais. Il y a eu des ministres », insiste-t-il.
« J’ai besoin de clarté : qu’ils nous demandent d’être là et qu’ils l’assument politiquement dans leur pays devant leur opinion publique. C’est une condition nécessaire. J’en tirerai les conséquences si ces conditions ne sont pas remplies », a-t-il martelé. Les chefs d’États du Mali, du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Tchad et du Niger rendront également hommage aux soldats du 5e régiment d’hélicoptères de combat, basé à Pau, qui ont péri dans cet accident en opération.
La présence de troupes étrangères au Sahel, en particulier celle de la force française Barkhane, fait face à un rejet grandissant au Burkina Faso, au Mali et au Niger, sur fond de théorie du complot colonialiste, entretenue sur les réseaux sociaux. Les ambiguïtés des dirigeants maliens et burkinabés contribuent à alimenter ce climat. En juin, le ministre burkinabé de la Défense, Chérif Sy, s’interrogeait ainsi dans un journal sud-africain sur les motivations de la présence française. « Je m’étonne que les Français n’aient pas été capables d’éradiquer ces bandes terroristes. on se pose des questions. Le veulent-ils vraiment ou ont-ils un autre agenda ? »
Une « nouvelle coalition internationale »
Emmanuel Macron souhaite aussi la formation d’une « nouvelle coalition internationale » qui permette une présence plus forte sur le terrain. Paris cherche à mobiliser ses partenaires européens pour aller au-delà des missions de formation et de la Task force Takuka, constituée de forces spéciales européennes. Reste à savoir comment les convaincre.
Plusieurs pays européens apportent un soutien logistique à l’opération Barkhane, d’autres sont présents dans la Minusma, la mission ONU au Mali. Par ailleurs, une mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) d’environ 6 000 hommes, commandée depuis début décembre par le Portugal, a été lancée en 2013. En revanche, peu d’États européens sont prêts à s’engager au sol dans des opérations de combat et sont réticents à l’idée d’une coalition ad hoc sous commandement français, sans les États-Unis ou l’Otan.
Qui plus est, les difficultés rencontrées sur le terrain suscitent des interrogations sur la stratégie française. Malgré la présence des 4 500 soldats de Barkhane, de la force conjointe du G5 Sahel comprenant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad et de l’ONU (Minusma), la situation sécuritaire s’est dégradée dans la zone dite des « trois frontières », aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Depuis 2015, les attaques djihadistes au Burkina ont fait plus de 700 morts et environ 500 000 déplacés internes et réfugiés.
Source: la-croix.com